Publié le 28-02-2014 à 21h41
En 1914, Lyon organise pour la troisième et dernière fois une exposition internationale. Celle-ci, centrée sur l’hygiénisme et l’urbanisme, face au développement anarchique des villes et de l’insalubrité qui en résulte, est donc dénommée exposition internationale urbaine. Ces problématiques d’aménagement et de salubrité urbaine sont au centre des préoccupations des autorités municipales de l’époque. C’est ce qui a donc poussé le maire de Lyon, Édouard Herriot à choisir ces thématiques. Le commissaire général de l’exposition est Jules Courmont, médecin, professeur à la faculté de médecine de Lyon, et militant hygiéniste. L’architecte du site de l’exposition est Tony Garnier.
Cette exposition s’est tenue pour l’essentiel à Gerland sur le site des futurs abattoirs municipaux (actuellement Halle Tony Garnier, et ENS sciences), mais son accès principal se situait à l’extrémité sud de la Presqu’Île où se trouvait aussi un « village alpin ». Cette organisation a conduit à créer une passerelle provisoire sur le Rhône (passerelle qui a été remplacée par le pont Pasteur après la première guerre mondiale.) En fait, l’essentiel des bâtiments de l’exposition sont les futurs locaux des abattoirs conçus par Tony Garnier, et ont donc vocation à perdurer. Le hall principal, rectangulaire était le futur marché aux bestiaux (actuelle Halle Tony Garnier) long de 220 mètres et large de 80 mètres sans aucun pilier, la toiture étant supportée par des poutres articulées formant des fermes ancrées au sol le long des parois latérales. Comme c’était quasiment toujours le cas dans les expositions universelles jusqu’au milieu du XXe siècle, les habitants des colonies (pour cette exposition, Algérie, Tunisie, Afrique noire, Indochine) étaient présentés au public européen comme des animaux au zoo, dans des habits et des scènes sensées reproduire leur mode de vie traditionnel. Il existait même des services de pousse-pousse reliant le site à la place Bellecour ainsi qu’à l’intérieur de l’exposition.
L’exposition a été ouverte au public le 1er mai 1914. Elle est inaugurée le 12 mai par le ministre du commerce Raoul Péret, en présence d’Édouard Herriot. Du 22 au 24 mai, le Président de la République vient à Lyon plus particulièrement pour visiter l’exposition. Mais le 3 août, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Bien que l’exposition reste ouverte, l’ensemble de l’économie est dès cet instant mobilisé. Les déplacements à longue distance deviennent très difficiles pour les civils, avec la suppression de la quasi-totalité des trains non liés à l’activité militaire, aussi la fréquentation s’effondre. De plus, les pavillons de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie sont fermés et leur contenu, est saisi et placé sous séquestre.
L’exposition ferme finalement le 11 novembre 1914. Après une fréquentation correcte au début et un coup d’arrêt brutal au début de la guerre, elle n’a attiré finalement qu’un peu plus d’un million de visiteurs. Sitôt l’exposition achevée, le site est rapidement converti pour les besoins de l’armée et notamment la fabrication d’armement en général, et d’obus en particulier. Ce n’est qu’en 1928, bien après la guerre, après remise en état et achèvement de la construction, que l’abattoir ouvrira.
En 1914, contrairement à 1894, le chemin de fer et le tramway n’étaient plus à la pointe de la modernité. Leur rôle s’est donc cantonné à assurer la desserte du site sans innovation particulière. L’exposition présentait alors comme summum du modernisme une future concurrente qui allait devenir redoutable : l’automobile.
Pour la desserte de cet événement la compagnie du PLM a tout d’abord créé un embranchement provisoire entre ses installations de La Mouche et le lieu de l’exposition, avec une gare provisoire. Cet embranchement dédié aux marchandises a permis l’acheminement des matériels exposés. Il a ensuite été conservé tout d’abord pour transporter les munitions produites, et après pour alimenter les abattoirs en bétail.
Les marchandises exposées ont été acheminées sur le site par un réseau de voies de 60 centimètres d’écartement permettant d’atteindre l’ensemble des bâtiments.
Pour le public, le PLM a mis en circulation, jusqu’à la déclaration de guerre, des « trains de plaisir » accessibles avec des tickets à tarif réduit couplés avec des billets d’accès à l’exposition depuis les grandes villes qu’il desservait.
À l’intérieur de la ville, l’OTL a renforcé et prolongé ses lignes de tramways électriques. Le site de l’exposition était déjà desservi par 5 ligne régulières. À l’est, la ligne 18 passait sur le chemin de Gerland. Au centre, la ligne 32 circulait sur l’avenue Leclerc. À l’Ouest, les lignes 10, 14 et 15 circulaient en rive droite du Rhône sur le quai Perrache. Toutefois le site était excentré, au bout de quartiers peu attrayants, et les exposants se sont inquiété de cette situation.
Pour mieux desservir l’exposition, et répondre aux craintes d’enclavement, l’OTL a notamment construit immédiatement en amont de la passerelle sur le Rhône, devant l’entrée principale, une gare terminus provisoire en boucle disposant de 4 voies parallèles. Cette installation lui a permis de prolonger depuis la gare de Perrache quatre lignes par les voies habituellement empruntées par les lignes 10, 14 et 15 :
De plus, la ligne 6 a été prolongée depuis la place du Pont (actuellement place Gabriel Péri) par les voies de la ligne 18 sur la rue pour desservir l’exposition par l’Est depuis le chemin de Gerland.
Comme en 1894, pour la desserte interne de l’exposition, il a été fait appel à un chemin de fer Decauville sur lequel circulait des trains de baladeuses tirées par des locomotives à accumulateurs. Le réseau faisait une boucle sur le site principal en rive gauche du Rhône, avec une branche allant jusqu’à l’avenue de Saxe, devant le pavillon de l’Allemagne. Le matériel roulant était constitué de locomotives à accumulateurs type « boîte à sel » tirant des baladeuses.